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RESUME :
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres.
Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision.
Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante.
C'est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
MON AVIS :
Livre agréable et rapide à lire.
Dans les chapitres, on est une fois à la place de Benny, l'autre fois à la place de Désirée. Ce qui nous permet de bien comprendre ce que chacun ressent.
Ici, le choc des cultures est vraiment extrême et on s'aperçoit qu'aucun des deux ne veut faire un pas vers la vie de l'autre, mais qu'aucun d'eux ne peut non plus se passer de l'autre.
Désirée est bibliothécaire, très "intello" elle se passionne pour la lecture, l'opéra, les pièces de théâtre. Elle vit en ville, dans un appartement qui ressemble à un hôpital tant il est dépouillé, blanc, froid, impersonnel.
Benny quant à lui, vit à la ferme qu'il a hérité de ses parents, loin de la ville, au milieu de ses vaches qui lui prennent tout son temps, dans une ferme qu'il ne parvient pas à entretenir et qui est resté dans le même état depuis des années. Vieilles tapisseries démodées, vieux meubles, point de croix aux murs. Le tout dans une extrême saleté.
Mais quand ces deux là se rencontrent, après un dégoût mutuel, un simple regard les électrocutent et une passion les envahi.
Seulement, Désirée ne supporte pas la ferme de Benny, et Benny ne supporte pas l'appartement aseptisé de Désirée. Et aucun des deux ne veut imaginer sa vie chez l'autre. Alors on se pose la question... quel avenir pour ses deux là ?
EXTRAIT :
Désirée (que Benny surnomme "la beige") et Benny (que Désirée surnomme "le forestier") sont dans le cimetière, elle est assise sur un banc face à la tombe de son mari, lui s'occupe de celle de sa mère. Une petite fille et sa maman arrivent et la petite fille fait une réflexion qui fait sourire Désirée.
"_ oh maman ! J'ai arrosé le panneau ! Maintenant, papi va encore se mettre en pétard !"
J'ai senti les coins de ma bouche s'étirer vers le haut et j'ai jeté un oeil vers le forestier. Et juste à cet instant, il m'a regardé. Lui aussi souriait. Et... Impossible de décrire ce sourire-là sans plonger dans le monde merveilleux des vieux standards de bal musette.
Dedans, il y avait du soleil, des fraises des bois, des gazouillis d'oiseaux et des reflets sur un lac de montagne.
Le forestier me l'adressait, confiant et fier comme un enfant qui tend un cadeau d'anniversaire dans un paquet malmené. Ma bouche est restée étirée jusqu'aux oreilles. Et un arc de lumière à surgi entre nous.
Il s'est écoulé 3 heures, ou 3 secondes.
Puis chacun de nous a tourné la tête pour regarder droit devant, tous les deux en même temps, comme tirés par une même ficelle.Des nuages sont venus voiler le soleil, et derrière mes paupièures fermées je me suis fait une rediffusion en boucle et au ralenti de son sourire.
Je ne m'étais pas préparée à ce que l'enveloppe du spermatozoïde ait un tel sourire ! L'ovule se mit à frétiller en moi, à bondir, à clapoter, à faire des sauts périlleux, et à envoyer des signaux. J'eus envie de lui crier "Assis, pas bouger !" L'envie me prit de renifler ses mains et de frôler les jointures avec mes lèvres.
Bon sang, il fallait que je me sauve d'ici !
D'un bond, je me suis levée, j'ai attrapé mon fourre-tout et je me suis mise à courir droit vers les grilles.
Maintenant, la version de Benny
Merde, la voilà encore, la beigeasse ! Elle n'a rien d'autre à foutre ? Elle s'assied et me reluque comme si j'étais un chèque en bois, un truc pénible, mais pas son problème. Puis elle pousse un profond soupir et tire une sorte de cahier d'un gros sac à fleurs. Elle se met à écrire, lentement et méticuleusement.
Ca éveille évidemment ma curiosité, terriblement. Qui est cette femme qui prend des notes devant une tombe ? Est-ce qu'elle tient le registre des maris qu'elle a tués ? Tout à coup, elle me lorgne et j'entends un bref reniflement autoritaire : elle a vu que je l'observais. Pour me venger de son attitude arrogante, j'essaie de me l'imaginer avec une perruque de boucles synthétiques turquoise et des bas résille. Le résultat est si insensé que je me prends en flagrant délit de la dévisager, un grand sourire collé sur la tronche. Elle me jette un regard en retour et avant que j'aie eu le temps de reprendre ma tête habituelle, elle me rend mon sourire !
C'est à dire - est-ce que c'est vraiment elle ? La femme beige, celle qui se recueille devant une vieille pierre grise en pinçant ses lèvres pâles, elle peut donc sourire ainsi ?
Comme une gamine en vacances, ou comme une môme devant son premier vélo. La même risette heureuse et totale que la petite fille avec son arrosoir rose devant l'autre tombe.
Je vois du coin de l'oeil qu'en douce, son regard bloque sur ma main. Ca fait des années que je m'entraîne à ne pas la cacher dans ma poche quand les gens matent. Je ne le fais pas maintenant non plus. "Benny 3 doigts, c'est moi. C'est à prendre ou à laisser".
Elle choisit "à laisser", ha ha. Se lève et part en trébuchant comme si j'avais l'intention de lui mettre mes trois malheureux doigts aux fesses. Pourquoi est-ce qu'elle a l'air en rogne comme ça ?
MA NOTE :
7 sur 10